dimanche 11 août 2013

LE CHRONIQUEUR EXPRESS : LONE RANGER



  Un western à 250 millions de dollars !
Réalisé par Gore Verbinski (Pirates des Caraïbes)
Avec en (vraie) vedette Johnny Depp...
Le tout pour un four monumental aux USA !
Justifié ? C'est selon...

Revenu d'entre les morts, le ranger solitaire part à la recherche du meurtrier de son frère, et se retrouve impliqué malgré lui dans une conspiration à l'échelle nationale, en vue de la pacification musclée des Etats Unis ! Un résumé bref pour un film qui lorgne du côté des serial des années 30, boosté par un budget pharaonique (un cinquième de plus que le Titanic de J. Cameron !) Autant le dire de suite, le pari est à moitié gagné... où raté, selon votre humeur.

Déjà, le film souffre d'un manque flagrant "d'ampleur cinématographique". Les décors réels sont à peine dignes de téléfilms où autres séries TV HBO bien plus généreuses visuellement. Les villes ne dépassent pas 7-8 bâtiments en tout (un pâté de maisons en somme), on compte à peine une centaine de figurants (entassés et non disséminés un minimum pour occuper l'espace scénique) dans les scènes de "foules", on entrevoit un décor de mine se limitant à 3 paires de rails, 2 cabanons, et un trou dans la montagne, et je ne parle même pas du chantier de la voie ferrée... L'excuse du "oui mais le film se passe à la frontière des territoires civilisées" ne tient pas. il suffit de voir le gigantisme SANS effets spéciaux d'Il Etait Une Fois dans L'Ouest de S. Leone pour s'en rendre compte (et avec bien moins d'argent !). Heureusement, les scènes d'action "over the top" et parfaitement chorégraphiées du film rattrapent quelque peu ce qui ressemble visuellement à un pilote de série TV surfriquée...
Je dis aussi que Lone Ranger n'est pas un film réaliste mais fun. Cependant, on constate que le scénario explore de nombreuses pistes très intéressantes, sans jamais réellement les mener jusqu'au bout, comme une introspection sur la résignation des indiens à "disparaître" au profit du "progrès". Il reste en échange un humour "badass" et parfois surréaliste qui pourra énerver où réjouir le spectateur. Et pour ma part.... J'ai bien rigolé ! (au moins ça ^0^)

Si le film est déséquilibré visuellement et hésite sur le ton à adopter tout au long de son cheminement, comment expliquer un tel four aux USA, alors qu'en France, il semble emporter une adhésion plus massive des médias (quant au public...). La réponse, pour ma part, est très simple : les méchants du films sont... les américains eux-mêmes ! En gros, le film pointe du doigt certains "colonisateurs" qui n'ont pas hésité à donner dans le génocide organisé ! Et quand un réalisateur américain critique sa propre patrie, certaines de ses institutions, et surtout son histoire... Généralement, la carrière de son film se joue au poker (bide pour Les Portes du Paradis, où succès pour Danse avec les Loups).
Bref, si le scénario est imparfait au niveau du ton, il à au moins le courage d'appuyer là où ça peut faire mal à certaines consciences...

Niveau bon points, on soulignera également la belle prestation de Johnny Depp jouant l'indien Tonto, le mentor du Lone Ranger. Certains ont critiqués le fait que celui-ci nous refaisait du Jack Sparrow sans se fatiguer. Non. Clairement. Son jeu est au contraire très sobre, et parfois expressif juste ce qu'il faut quand il le faut (surtout dans les moments réellement comiques du film). Le compositeur Hans Zimmer s'est également clairement régalé à créer une musique trépidante et ultra référentielle selon les scènes du film. On reconnait ainsi quelques sonorités de Ennio Moricone par-ci par-là, et surtout sa reprise de l'Ouverture de Guillaume Tell pour le final dantesque du film, rondement menée,  et vous restant TRÈS longtemps en tête après la projection.

En conclusion, un film imparfait assurément. Impardonnable sur certains points techniques et formelles, mais à contrario très généreux lorsqu'il s'agit de mettre en action son cavalier solitaire ! Si je ne devais m'appuyer que sur sur le scénario plutôt touffu pour un blockbuster, son manque évident de cohérence au niveau des différents niveaux de lecture et de tons, je dirais que l'on pourrait voir le verre à moitié vide... Mais en y réfléchissant... On peut au moins saluer le courage d'un script qui n'hésite pas en ces temps politiquement corrects, de ressortir quelques squelettes du placard ! Rien que pour cela, le film mérite tout de même son petit coup de chapeau... euh, d'oeil !

2 commentaires :

Dame Elodie / Marly a dit…

Imparfait et loufoque assurément...
Mais il marche : est-ce à cause des codes repris (et donc qui déçoivent de par cette deuxième vie évidente?) ou à cause des libertés prises, qui nous font tomber dans un Nawak total, qu'on est heureux de suivre ?

Je croyais aller voir un film "pourri et décevant" vu les premiers avis, mais l'appréciation reste personnelle : accepter ou non le délire. Rire un bon coup.
Ça passe ;)
Mais je ne saurai pas dire si je l'aurai un jour dans la Blu-ray-thèque ...

KARA a dit…

Pareil, je sais pas si je le reverrais un jour... Bon à la rigueur me faire un best of des scènes d'action que je trouve sympas et WTF.
En fait, le film est sympa c'est ça... Mais il aurait pus être tellement plus paradoxalement...