Depuis plus de 20 ans, je fais des ateliers de dessin manga/BD dans toute la France. Cette expérience m'a mené à être enseignant dans le privé, et ce dans divers domaines comme la mise en scène, le décor, l'illustration, le cinéma d'animation, la BD, et j'en passe...
A chaque fois, j'avais droit à un public intéressé, souvent passionnés. Qu'importe le niveau, le simple fait de transmettre le plaisir de dessiner était le but principal.
Cette fois, pour la Prison de Fleury Merogis, le défi fut tout autre. Le public était là, intéressé, avec quelques petites talents prêts à éclore. Mais cette fois, j'ai dut remettre en question mes méthodes d'enseignement, éviter de faire mon rentre-dedans pour éviter... qu'on me rentre dedans à mon tour (même si les incidents du genre sont quasi inexistants statistiquement)! User de diplomatie dans un milieu impressionnant et intimidant. Pas de smartphone autorisé dans les locaux (j'ai été en manque!!!), user de patience à chaque sas, arpenter d'immenses couloirs de béton, lever la tête au ciel pour apercevoir des miradors, sourire à voir passer les chats officiels chasseurs de rats !
Le tout en luttant contre les préjugées, les clichées, écoutant les histoires des prisonniers (du moins, "leurs" versions), ne pas (re)juger, juguler leur attention/distraction, constater l'étonnante parité homme/femme parmi les surveillants, dire bonne chance à mes élèves pour qu'ils ne reviennent jamais (l'un en était à sa 6ème incarcération à même pas 30 ans), ...
J'énumère.
Mais ce tourbillon d'images, de sensation inédites, combinées à 5 heures de routes/autoroute pour pouvoir se rendre sur place, m"a fait rentrer chez moi chaque soir dans un état d'auto-ébriété inédit.
Le résultat fut pour ma part mi-figue, mi raisin. Même si l'administration m'a exprimé sa satisfaction de l'expérience, j'en suis ressorti avec un sentiment de semi échec, ou semi victoire, c'est selon. Nous aurions pu produire plus, et mieux. Mais nous avons fait au mieux.
Cela aura été une expérience intéressante, stressante, inédite, riche d'enseignements, déstabilisante surtout. Le genre de souvenirs sur lesquels on revient des mois, des années, plus tard....
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