Je n’aime pas le cinéma de Christopher Nolan. Voilà, c’est dit.
Je le trouve froid, aseptisé, austère, sans folie visuelle ni inventivité.
Et puis j’ai vu Inception qui pour le coup m’a vraiment enthousiasmé. Et au vu de la première bande annonce du biopic du père de la bombe, j’y ai retrouvé cette invention visuelle, cette hargne, cette viscéralité si rare chez ce cinéaste, au point de lui donner sa chance en salle.
Et pour le coup, l’expérience fut au rendez-vous !
Oppi n’est pas réellement un film complexe, il est juste très dense et surtout constamment sous tension. Le montage est souvent très nerveux, le cinéaste singe timidement parfois le style d’Oliver Stone ou de Tony Scott dans quelques expérimentations visuelles et rythmiques. Le tout reste tout de même lisible et transmet ce sentiment d’urgence de la course à la bombe face aux Nazis.
A ce propos, le film se concentre surtout sur la vie d’Oppi, ses passions, ses névroses, mais aussi sur un contexte d’espionnage ou le message semble clair : mélanger science et politique n’est pas toujours une bonne idée, mais sans politique, pas de science non plus. Si vous cherchez cependant un récit se concentrant véritablement sur la fabrication de « Gadget », essayez la série TV La Course à la Bombe de 1987.
Toujours sous une tension constante donc, le film ne prends quasiment jamais le temps de se reposer, et impose au spectateur des tunnels de dialogues riches en informations. Bref, prenez le train en marche dés la début et ne lâchez jamais la rampe, au risque de rater pas mal de subtilités, surtout vers la fin du voyage. En ce sens, on reproche souvent aux personnages de Nolan de n’être que des éléments narratifs vides d’émotion. Pour le coup, on plonge véritablement dans la psyché des principaux personnages non manichéens, et défendant chacun ce qu’ils pensent être « juste » à leurs yeux. Il ne s’agit pas de dire qui a été méchant avec tel gentil, le monde est à l’image du Projet Manhattan, infiniment plus complexe, et au spectateur non pas de juger, mais de constater la réaction en chaîne d’évènements qui amène les plus grand génies à fleurter avec le Diable, où plutôt leurs démons intérieurs.
Sur le plan visuel, on le sait, Nolan est un traditionaliste de la pellicule (pourquoi pas ?), mais aussi un grand défenseur du « tout construit, tout fait avec du vrai ». Et pour la fameuse scène du premier essai atomique, celui-ci a donc opter pour une explosion gigantesque avec des moyens conventionnels. Et… ça ne marche pas du tout me concernant ! L’explosion est juste visuellement minable, ça ne ressemble absolument pas à une explosion nucléaire telle que vues dans les documents de l’époque. Et pire, elle ne semble pas du tout gigantesque. On me rétorquera que je n’y connais rien, que c’était une petite bombe, etc. Je.m’en.fous ! OK ? Comme disait John Ford : « si la légende est belle, filmez la légende ». Et là niveau « légendaire », on est bien plus au niveau de Xena que du Seigneur des Anneaux.
Bref, cette scène est ma plus grosse déception d’un film, qui je le rappelle, m’a tout de même bien plu dans son ensemble. Après c’est une un peu une habitude chez Nolan me concernant : quand il fait exploser la base des méchants dans Inception (encore l’exception) avec une grosse maquette, franchement c’est parfait. Mais alors filmer un crash d’avion en taille réelle dans Tenet et utiliser des focales qui donnent l’impression d’une maquette de taille moyenne, c’est un peu un exploit dans le genre…
Malgré ce petit raté, le film reste plaisant mais exigeant, et restera pour ma part, le métrage le plus sensible, humain, exploitant à merveille les talents d’acteurs d’un casting parfait et habité; mais surtout interagissant avec les notions morales du spectateur sur le bien fondé de tout cette folie, mais qui a donné naissance au monde d’aujourd’hui, pour le meilleur et le pire.
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