Avoir de bonnes idées, cela ne fait pas forcément de bons films. Et des bonnes idées, WW84 en a revendre. Mais comme pour le principe du film et de sa pierre de vœux, on constate que chaque bonne chose entraîne une contrepartie. Et pour ce film, ce sont souvent des idées complètement à côté de la plaque !
Voici donc la chronique d’un film plein de bonne volonté, mais dont le problème principal ne réside pas franchement dans ses longueurs ni ses scènes d’action courtes, mais bel et bien dans son écriture ! Clairement aucune relecture n’a été effectuée sur le script final, qui certes présente un projet plutôt alléchant, mais dont le produit final contient son lot de facepalm pourtant facilement évitables.
Exemple sans spoilers : A un moment, l’héroïne et son amant doivent se rendre des USA jusqu’en Orient pour poursuivre le méchant de l’histoire. Comme l’héroïne travaille au Musée de l’Air et de l’Espace de Washington, celle-ci décide donc… de voler un jet ! Bien sur, le réservoir est plein, l’appareil en parfait état de marche, une piste est disponible, et son amant fraichement ressuscité depuis la 1ère Guerre Mondiale s’habitue très vite aux commandes modernes… A ce moment là du film, vos empreintes digitales sont déjà imprimées profondément sur votre épiderme frontal depuis un bail!
Alors que la solution la plus simple, mais moins « Hollywoodienne », aurait été d’aller à un aéroport privé, louer un jet civil (qui lui peut réellement traverser l’Atlantique avec un seul plein) avec pilote. Non, on préfère un exploit plus « spectaculaire »… Mais complètement débile! Ah, on me dit dans mon oreillette imaginaire que l’héroïne à bord d’un avion civil loué n’aurait pas pus utiliser son pouvoir d’invisibilité (comme dans la série TV originale). Oui… Et ? Est-ce si indispensable à l’intrigue ? Non.
Et vous voyez, ce genre d’idée absurde, le film en aligne toutes les demi-heures au bas mot.
Mais le plus rageant est que ce genre de trouvaille foireuse est très facilement corrigeable avec juste quelques secondes de réflexion ! Ce qui me fait dire encore une fois que le scénario final n’a jamais été relu, et que la production a été lancée à la va-vite. Et croyez-moi, cela arrive bien plus souvent qu’on ne le croie. On se dit alors que c’est impossible, qu’on ne balance pas des projets à 200M$ comme ça dans la nature, sans prendre une minuscule demi-heure pour relire une dernière fois un script… Encore une fois, je suis un modeste enseignant en cinéma, et quand je raconte certaines anecdotes de production à mes élèves, je vois leurs regards incrédules. Et pourtant… Et pourtant.
Comme dit plus haut, le film aligne tout de même de très bonnes idées : Une Wonder Woman affaiblie et parfois réellement en danger, un méchant pas franchement méchant mais juste un pauvre type qui n’a pas eu de bol et qui se laisse entraîner sur la mauvaise pente, des scènes d’action originales, épiques et lisibles (par contre, on en parle du fait que Wonder Woman peut imiter Spiderman en lançant son lasso… sur des éclairs? Non? Ok… ) ; Une vraie interrogation sur le pouvoir du désir et de ses conséquences, une très chouette reconstitution des années 80, etc. Mais en retour nous avons des Deux Ex Machina qui en plus de sortir de nul part, sont complètement débiles ou tout simplement inutiles (On en parle de l’armure d’or de Pégase dans le film qui ne sert qu’à donner un look badass – ou Bioman – à Diana? Non? OK… ). Des technologies à la James Bond façon arme de super méchant qui dans leur logique ne marchent pas du tout ; un contre-sens scénaristique total avec le DC Universe (qui n’est plus à ça près, mais quand même), comme le fait de placer l’action en 1984, et… Ah, mon oreillette imaginaire me dit : « Non mais en fait, dans Batman vs Superman, Bruce Wayne a une seule photo de Wonder Woman qui date des années 1910. Le fait de placer l’action en 1984, époque ou il n’y avait pas de smartphone avec caméra fait que l’héroïne peut se déchaîner sans laisser de traces filmées ou photographiques !! »
……
Sauf que en 1984, on avait déjà des appareils photos, des caméras de télévision, et vu le boxon mis dans ce film, il est ÉVIDENT qu’au moins la moitié de la population de Washington a VU Wonder Woman en action ! C’est juste pour ça que vous avez mis l’action du film en 1984 ?
Allô ?
ALLÔ !!!
…..
Voilà, c’est ça Wonder Woman 1984, de bonnes idées contrebalancées par d’autres complètement tordues, qui prennent des détours absurdes pour raconter un méli-mélo de justifications qui ne fonctionnent jamais.. Alors qu’en réfléchissant quelques secondes, on trouve des solutions nettement plus simples, logiques, et sans pour autant gâcher le fun et le visuel du film.
En l’état, WW84 n’est pas un film, c’est un brouillon. Prometteur. Mais qui ne tiendra jamais ses (belles) promesses au final…
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