lundi 1 juin 2020

GHOST IN THE SHELL SAC 2045 – DU GULLI ADULTE ?



Dans la catégorie paradoxe, la nouvelle série TV originale Netflix se pose là ! D’un côté, un scénario mature digne de l’univers de la célèbre License Ghost in The Shell , et de l’autre une direction artistique Tfou/Gulli/Spiral Zone. Niveau cohérence, on a vu nettement mieux chez le célèbre service de VOD (au hasard : l’excellente série TV 3D Levius).

Dans le fond, l’univers de Ghost in The Shell possède de base deux axes : Philosophique et introspectif, ou encore action/série B  sur fond de techno-thriller. Sur 12 épisodes, la série se concentre surtout sur le second axe en alternant une action généreuse et inventive, et une intrigue très dense en manipulation de la réalité, néo-humanisme, etc. La mise en scène des deux réalisateurs fait son travail, même si cela manque clairement d’une personnalité iconique du type de Mamoru Oshii sur les deux premiers films cinémas. Dans le langage cinématographique, on appelle ça des « faiseurs ». En gros ce sont de solides artisans qui font impeccablement leur travail, de façon efficace et lisible, mais clairement, ils sont « remplaçables » par n’importe quel autre artisan du même acabit. Petite préférence quand même pour le travail de  Shinji Aramaki qui a sut parfaitement adapter l’univers d’Appleseed dans 3 long-métrages 3D globalement très réussis (bon OK le deuxième est très bon mais le scénario à la Julie Lescault, bof). Quand au travail de Kenji Kamiyama sur la première série TV 2D de GITS SAC, oui c’est bien… Mais ça n’a aucune personnalité, je persiste et signe.

Mais cela reste agréable à regarder, car encore une fois la série est très généreuse en scènes d’action et en intrigue complexe sur un postulat de base intéressant déjà exploitée dans le premier film : le réseau mondial peut-il générer des consciences supérieures à l’être humain… tout en renonçant à sa part d’humanité (sentiments, émotions, etc.) ?

Et nous arrivons au point qui fâche : la direction artistique et la technique pure. Clairement les deux sont liées mais il est évident que lorsque l’on regarde ce que peuvent faire des moteurs graphiques en temps réel comme l’Unreal Engine 4 ou Unity, ou encore le Cry Engine, on se dit qu’il y a, non pas un train de retard, mais un réseau national entier ! en 2005, cela aurait pus faire illusion (et encore), mais en 2020, non. Surtout quand on voit ce que la plateforme peut produire en terme d’animation 3D de qualité, comme cité plus haut Levius, ou encore le magnifique film de Blame !

Quant au character design original de l’illustrateur russe Ilya Kuvshinov, il n’en reste pas grand chose à l’écran. Alors oui notre Major est plutôt jolie (mention pour son body échancré à la Tomb Raider ^^) mais son visage de poupée ne correspond pas trop au personnage badass original. Batou a une tête trop grosse par rapport à son corps, et pour le reste, ça passe… Mais peut-on se contenter d’un « ça passe » pour du Ghost in The Shell ?

On est décontenancé mais au moins l’animation est tout à fait honorable, voir excellente dés qu’ils s’agit de mettre en image du corps à corps (mention aux mouvements aussi sexy qu’aériens de notre major). Mais cet aspect lisse, propret, que l’on devine calibré pour plaire au plus grand nombre (pour au final ne satisfaire personne) alterne le très moyen et le pas trop mal. On texture de façon très réaliste les armes à feu, mais l’intérieur d’un avion-cargo semble avoir un aspect plastique lisse. Les villes sont des versions lights de Nanterre en plus moche, mais dés qu’on se rend à la campagne, les forêts sont magnifiques avec des éclairages très étudiés ! De même les explosions sont très réussies, mais niveau éclairages et ambiances en ville, on est en vacances au Camping Paradis chez TF1 !

Donc on a une direction artistique presque enfantine, mais on a un scénario mature et complexe, et même parfois un peu de gore ! Donc niveau cohérence intrinsèque, ou même public visé, ça ne fonctionne pas ! Et c’est dommage car encore une fois l’intrigue tient en haleine, les coups de théâtres sont réussis de même que les nombreuses scènes d’action, la version française est tout à fait honorable, et la saison se termine par un très bon cliffhanger !

Bref : Si vous voulez voir cette série TV, sachez apprécier le fond plutôt que la forme…

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