Par Kei KUSUNOKI
4 volumes (série complète)
Ki-oon - 7,50 Euros le volume
Parfois, il est des drames que les mots ne peuvent décrire. Alors, dans ces cas-là, l’alliance du texte et de l’image, par le truchement de la bande dessinée, s’impose. Mais comment parler de l’horreur insondable du
viol sur une enfant ?
Le shôjô manga est encore aujourd’hui associé, bien malgré lui, à une image de récits à l’eau de rose pour public féminin. Mais les clichés sont faits pour être contournés et Bitter Virgin essaye tant bien que mal de casser ces stéréotypes, en illustrant un récit émouvant et dur. Ainsi Daisuke est un lycéen play boy, le genre à faire tomber les plus belles filles du bahut. Se retrouvant par accident dans un confessionnal, il entend la triste histoire de sa jolie et discrète camarade de classe Hinako. Celle-ci a été violée par son beau-père, a mené une grossesse à terme, et finalement abandonné son enfant à des inconnus. Désemparé, Daisuke ne sait plus comment se comporter envers cette frêle jeune fille dont il tombe peu à peu amoureux. Mais est-ce vraiment de l’amour, ou de la pitié ? De tragiques évènements familiaux vont alors l’aider à mettre de l’ordre dans ses sentiments… Pour le meilleur ou le pire ?
L’auteure Kei Kusunoki n’est pas une opportuniste aimant les sujets sulfureux. La malchance a voulu, hélas, que celle-ci mette au monde un enfant mort-né lors de la production de ce manga. Une épreuve douloureuse qui peut faire croire que Bitter Virgin est peut-être un manga thérapeutique, dans lequel l’auteure a tenté d’exorciser ses tourments et sa colère, tout en exprimant un certain espoir dans un futur meilleur, aussi bien pour elle que pour ses protagonistes. Cependant, malgré son évidente ambition de bien faire, sa série alterne moments réussis d’intense émotion et, hélas, passages un peu plus clichés, propres aux triangles amoureux vus maintes fois dans d’autres titres plus fleur bleue. Néanmoins, ce manga est cohérent de bout en bout et toujours sincère, sans pathos. Nanti d’un graphisme très académique, mais s’effaçant finalement pour mettre réellement en avant un récit à tiroirs, Bitter Virgin est un feuilleton mélodramatique réussi, court et pudique. Un type de manga trop rare et presque d’utilité publique à qui l’on pardonne avec bienveillance ses maladresses pour retenir surtout ses qualités émotionnelles.
Lien direct vers la chronique originale : BODOÏ