KARA A EREVAN - Chapitre 1 : UN ROCARD SINON RIEN !

Je suis Arménien.
L'Arménie est un petit pays coincé entre la Turquie et l'URSS. Ex-pays soviétique au passé tumultueux et douloureux (du fait d'un génocide jamais reconnu par ceux qui l'ont commis...), l'Arménie connait depuis près d'une dizaine d'années une progression économique spectaculaire ! peut-être trop même. Mais nous y reviendrons plus tard au cours des chapitres suivants de mon périple...
L'Arménie est désormais une terre de reconstruction et de nouvelles opportunités pour de nouveaux médias encore inconnus sur son territoire, à savoir la bande dessinée (entres autres).
Laurent Melikian, journaliste spécialisé dans la bande dessinée est ainsi membre de l'APBDA. Une association pour la promotion de la BD en Arménie. Depuis près d'un an et demi, il me parle de sa volonté de créer un festival de BD à Erevan, la capitale du pays. Pour moi, il s'agit d'un énième projet un peu farfelu qui a peu de chances de voir le jour.
Mais à chacune de nos rencontres lors des salons de Bd où de mangas, son idée semble faire son chemin. L'association prend forme et à pour président Jean Khatchig Mardikian (l'un des fondateurs du festival d'Angoulême), l'éditeur Jean Varoujan Sirapian, et Tigran Mangasaryan, conseiller artistique sur place à Erevan. Finalement, au début de l’année 2008, il m’annonce enfin une date précise pour notre voyage ! Je n’en crois pas mes oreilles, surtout au vu de la liste des prestigieux auteurs-invités nous accompagnant : Charles Berberian, Florence Cestac, Jean Claude Denis, Frank Margerin, Farid Boudjellal, Gerald Gorridge !

Autant dire que je me sens tout petit au vu de cette délégation de vedettes du milieu de la BD gauloise ^0^.

Après quelques réunions autour d’une bonne table à Paris, l’équipe ainsi constituée prend ses marques pour un départ le 29 septembre, avec un retour prévu le 6 octobre. Là encore, je parlerais un peu plus tard de notre emploi du temps lors des chapitres suivants ^0^.

29 septembre : 11 heures du matin. Nous nous retrouvons tous à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle près de Paris pour notre envol. Quelques uns des dessinateurs présents ont tenus à emmener leurs guitares avec eux (et en cabine !). L’ambiance est très bonne et détendue (celle-ci le sera d’ailleurs tout au long du séjour ^^). Notre avion décolle avec une petite heure de retard dut à l’embarquement tardif… des Gipsy Kings ! En effet, le célèbre groupe voyage avec nous ! Non, je déçois vos illusions quant à la suite de notre aventure aéroportée : nos auteurs de BD n’ont pas fait de bœuf avec le célèbre groupe. Quel dommage...

Nous atterrissons vers 20-21 heures au tout nouvel aéroport d’Eravan. Un bâtiment ultra moderne et anonyme, mais propre et qui change de l’espèce de bunker post soviétique qui servait d’aérogare jusqu’ici. Nous apercevons alors que les Gipsy Kings ne sont pas les seules célébrités de notre voyage puisque Michel Rocard fait aussi partie de la troupe (de voyageurs, pas des Gipsy Kings hein !).

Les ennuis commencent alors du fait que notre groupe n’à pas de visa en règle ! Il faut s’en faire pour chacun d’entres nous et une très longue queue commence devant les guichets. Au moins, nous en sommes quitte pour une bonne partie de rigolade, les agents de l’aéroport n’étant pas très doués apparemment pour lire notre alphabet. Résultat, mon prénom Philippe est transformé en Pnilippe (le H et le N se ressemblent beaucoup en russe, l’une des langues parlée en Arménie), mais le plus rigolo revient à Frank Margerin, rebaptisé Margerian. Tous les noms de famille se finissant par IAN étant majoritairement arméniens, voici le papa de Lucien officiellement adopté en Arménie ^0^ !

Nous prenons ensuite le bus pour la capitale. Il fait nuit et si au début du second millénaire, la route menant de l’aéroport à la capitale était déserte, avec à peine quelques échoppes pour touristes égarés, il n’en n’est plus de même aujourd’hui ! Toute la route est jonché de casinos aux néons multicolores ; idem pour les stations services. Le mot d’ordre est le clinquant à tout prix (nombre de matériaux de construction venant de Dubaï où le doré et le chrome sont rois, on comprend pourquoi !)

Après s’être installés à nos hôtels respectifs, et malgré l’heure tardive, nous décidons d’aller chez un des sponsors de notre salon. Ce qui tombe bien, celui-ci étant un restaurateur ^^. Voyez ici les mines fatigués de nos convives prêts à en découdre avec leurs futures séances de dédicaces ! Oui enfin…. Demain est un autre jour ^0^…

A suivre !