Véritable produit d’exploitation visant surtout à ce que le producteur New Line garde ses droits sur les adaptations de la saga de Tolkien, voici un projet atypique qui semble allier l’originalité et le pratique. L’animation nippone gagne du terrain aux USA, et on peut y voir une belle opportunité de créer un produit atypique qui pourra plaire à un public large, et surtout à coûts réduits !
En effet, pour avoir une animation nippone de qualité, il n’est pas utile de débourser des fortunes. Avec son tout petit budget de 30 millions de dollars, LGDR s’en tire avec une fluidité d’animation très appréciable ! On pourra d’ailleurs s’étonner de la piètre qualité de l’animation présente dans le trailer… Alors que dans le film, il n’en est rien ! Même si la fluidité n’est pas le point fort de l’animation nippone, celle-ci se repose avant tout sur sa mise en scène, ces détails (mention pour les costumes très riches des protagonistes), et surtout son dynamisme surtout dans l’action !
Concernant l’action, le film est très généreux à ce niveau là et offre moults scènes iconiques mélangeant une 3D discrète (on anime des personnages en 3D, et on décalque à la main par-dessus pour donner une patte plus naturelle et humaine) et une 2D encore une fois très détaillée. Hélas, on regrettera peut-être un character design au trait un peu anonyme, mais tout à fait honorable et efficace malgré le nombre de détails encore une fois à animer dans certaines scènes. On est loin de la complexité d’un design à la Record of Lodoss War (1990), mais l’ensemble de l’animation surpasse de très loin son auguste ancêtre.
Si le scénario se contente d’une origine story plutôt correctement menée, celui-ci s’en tire surtout grâce à une narration efficace et sans temps morts, malgré 2h13 de métrage ! On pouvait cependant craindre un travail peu inspiré du réalisateur Kenji Kamiyama. Réalisateur de plusieurs séries TV de bonne facture comme la première saison de Ghost in The Shell – SAC, Kenji est avant tout ce que l’on nomme à Hollywood, un « faiseur ». Il sait être efficace et lisible dans sa mise en images, mais hélas il ne possède pas une personnalité qui le rendrait iconique dans sa réalisation. Vous savez, le genre de réalisation ou on se dit : »Wow, je reconnais le style de ce réalisateur ». Un peu comme un Mamoru Oshii, un Akiyuki Shimbo ou même carrément un Hayao Miyazaki. Et pourtant le bougre s’en tire sacrément bien et nous livre peut-être là son meilleur film, avec quelques moments épiques sur la fin qui réussissent à nous arracher quelques frissons !
On pourra regretter cependant quelques facilités de scénario, d’énormes ellipses (dont certains diront que ce LGDR aurait gagnée à être une série TV de prestige, plutôt qu’un film), le fait que certains évènements arrivent comme des cheveux sur la soupe. Non pas qu’on n’y croit pas, on reste dans la cohérence d’un récit de fantasy, mais on sent que quelques minutes de plus par-ci par-là pour mieux amener ces évènements n’auraient pas étés superflues (à espérer pour une director’s cut, qui sait ?)
Enfin concernant le personnage de l’héroïne Era. D’aucuns se plaignent qu’Hollywood ne sait plus écrire des héroïnes fortes sans les rendre au mieux prétentieuses, hautaines et en colère contre le monde entier, soit au pire carrément misandre ! Fort heureusement, Era est certes un garçon manqué dans un monde patriarcal (même de fantasy, l’époque médiévale reste un monde d’hommes), mais elle s’adapte au mieux (sa famille étant une belle bande de gaillards ouverte et attachante), et au final reste fort sympathique, car concentrée non pas à être une chouineuse, mais cherchant à transcender ses limites de guerrière au service de son peuple ! C’est simple certes, mais cela reste efficace et encore fois, réussi à nous décrocher quelques jolis frissons épiques dans le généreux final du film !
Malgré donc quelques petits défauts qui ne dénotent pas de ce qu’on pouvait trouver au final dans certaines productions animées de fantasy des années 80-90, LGDR est un spectacle épique et prouve ironiquement qu’un réalisateur anonyme peut lui-même se transcender… à l’image de son héroïne !
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