L’animation chinoise était cantonnée depuis belle lurette dans les abysses d’un cinéma de niche national, peu enclin à s’exporter en Occident. Depuis maintenant quelques années, la donne change avec l’arrivée de plusieurs blockbusters d’animation, notamment en 3D, sur le marché international. L’une de ces premières tentatives fut le très inégal mais fougueux remake animé d’Histoire de Fantômes Chinois, réalisé par Tsui Hark lui-même ! Il faudra attendre cette dernière décennie pour voir apparaître discrètement des films comme le sympathique Dragon Nest, mais aussi et surtout la duologie à grand spectacle White Snake et Green Snake. Ces deux derniers reprennent une esthétique cartoon à la Disney/PIxar pour nous offrir des œuvres de fantasy riches en action, dépourvus de chansons (où alors en clip show très brefs), et même des scènes de romance où le héro « conclut » avec sa bien aimée ! D’où la perplexité de certains critiques occidentaux se demandant à quelle tranche d’âge précise s’adresse au final ces films !
Après avoir ingurgité avec brio toute l’esthétique des cartoons occidentaux (et pour le dixième d’un budget classique américain), voici que les créateur chinois tentent une aventure esthétique sortant des sentiers battus, et au budget pharaonique pour une production locale ! Avec un peu de plus de 40 millions de dollars dans son escarcelle, le réalisateur Tian Xiaopeng crée un monde féérique où les fluides sont rois ! Découle alors une esthétique picturale, surréaliste, presque trop détaillée par moment, le tout servi par une mise en scène sous adrénaline qui mettra à bout de nerfs les spectateurs occidentaux habitués à des rythmes plus posés Made in Disney/Pixar.
L’animation n’est pas en reste avec des personnages que certains qualifient de « sur-animés » avec des expressions faciales et corporelles poussées à l’extrême de la lisibilité, et participant à la frénésie de l’ensemble ! C’est le genre de visuel qui vous emportera au loin ou vous laissera sur le quai, mais qui surtout ne vous laissera pas indifférent !
Si la forme est une prouesse technique et artistique qui divisera, le fond même s’inspire clairement de certains classiques bien connus comme Le Voyage de Chihiro ou encore L’Odyssée de Pi ! Le mélange est prenant et même si honnêtement on devine très vite ce que le final va nous réserver, il faut voir comment celui-ci va nous être conté afin de transmettre une certaine émotion. En fait, c’est comme redécouvrir un plat que l’on a souvent dégusté, et que pour cette fois, on découvre de nouvelles variations et saveurs qui renouvellent la recette.
Avec son animation halluciné, ses couleurs pop, ses personnages déjantés et son alternance entre une mise en scène oscillant entre contemplation et frénésie clipesque, nul doute que ce Royaume des Abysses divisera, mais emportera à coup sur les aventuriers avides d’horizons exotiques et (très) colorées !
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