En
cinéma, qu’est-ce que la « suspension d’incrédulité » ? C’est une sorte
de contrat moral que passe tacitement l’œuvre avec le spectateur.
L’œuvre propose un univers avec ses codes et ses limites, et le
spectateur signe, où pas ! Et avec le film de Flash, le contrat
ressemble plutôt à un bottin téléphonique ! Malgré cela, l’oeuvre se
montre très généreuse en péripéties visuelles et inventives… Voir
peut-être même un peu trop.
Commençons déjà par le souci
du voyage dans le temps. On le sait, c’est très compliqué de faire un
scénario plausible avec une telle aberration narrative de départ. A
cause des paradoxes en pagaille, seuls deux types de scénarios
fonctionnent logiquement : la boucle temporelle comme dans le premier
Terminator ou bien l’Armée des 12 Singes. Et l’univers parallèle : un «
système de sécurité » universel qui fait que à chaque saut dans le
temps, le voyageur passe dans une réalité parallèle ou il pourra faire
ce qu’il veut sans jamais interférer avec sa ligne temporelle. Ensuite
il y a les exceptions comme la saga Retour Vers le Futur (si on évite de
trop chipoter bien entendu). Et dans Flash, c’est un peu la fête au
n’importe quoi entre les paradoxes temporels, les univers parallèles,
mais surtout son « hub central » qui sert de point de convergence
temporel où le héros peut s’arrêter pour fouiller une multitude
d’univers et de temporalités alternatives. Alors visuellement, oui c’est
très chouette et graphique… Mais c’est juste n’importe quoi
narrativement. Mais si on s’arrête à cette première aberration, autant
quitter la salle de suite.
Clairement le contrat passé
avec le spectateur sera d’accepter un peu tout et n’importe quoi
narrativement sur l’autel du fun spectaculaire. A vous de voir si cela
vous convient ou non. Personnellement, j’ai dit OK. Certains diront que
c’est prendre le spectateur pour un abruti. Mais qui prends le
spectateur pour un abruti au final ? Le film ou celui qui pose un
jugement ? Si vous pensez qu’un film con peut rendre le spectateur con…
Vous avez une piètre opinion du mental de ce dernier. Comprenez que
lorsqu’un spectateur fait un choix de film, généralement, il SAIT ce
qu’il va voir et ne pas forcément ériger son narratif en principe de
réalité à appliquer dans la vie.
Alors OUI, Flash c’est n’importe quoi, mais c’est très fun, spectaculaire, certains coups de théâtre ont même une certaine logique. Donc pourquoi pas ?
Autre
question qui a divisé les spectateurs, les effets spéciaux. Alors oui,
ils ne sont pas tous parfaits c’est sur. Mais si tout le monde a gueulé
sur les bébés qui chutent en slow motion, personne n’a remarqué la
performance 100% réussie qui s’étale quasiment pendant tout le métrage, à
savoir les « deux » Flashs qui se côtoient dans un nombre important de
plans techniquement tous parfaits (sans parler de la performance de
l’acteur en soi). Ensuite, comme disait le directeur des effets visuels
de L’Empire Contre Attaque : « Vous pouvez avoir les effets visuels les
plus parfaits du monde, tout le monde sait qu’une cité dans le ciel…
cela n’existe pas ! ». Et donc OUI, faire tomber des bébés dans le vide,
en slow motion, forcément, votre cerveau déraille ! Et parfois c’est
très drôle ce genre de réaction ; comme les spectateurs s’étant plaint
de la piètre girafe en image de synthèse de la série TV The Last of US…
et qui s’est révélée au final totalement vraie dans un making of !
Alors
oui certains effets se veulent graphiques pour faire un cache misère de
certains plans limites. Mais pouvait t’on faire mieux par exemple pour
ces fameux bébés ? Où même les différentes réalités alternatives vues
dans la scène finale ? Comme pour le cinéma de Hong Kong des années 80
ou l’intention primait sur la qualité technique, ce Flash aligne les
bonnes intentions… Mais peut-être parfois trop ambitieuses pour lui au
final ?
Il reste tout de même un film très sympathique,
sans doutes un peu malade et boulimique de vouloir en faire trop, jouant
sur le fan service pro Burtonien versus Zack Snyderien. C’est une sorte
de buffet à volonté certes généreux, mais où on aurait mélangé toutes
les cuisines du monde et dans le désordre. Le film parvient tout de même
à créer sa cohérence dans tout ce chaos, divertit par ses nombreuses
scènes d’action, parfois spectaculaires, mais parfois aussi porteuses
d’émotions lors de la scène finale où notre héros rouge et or devra
faire certains choix difficiles. Car tout choix impliquant forcément un
renoncement. Et ce Flash a choisit parfois à bon escient, et parfois de
manière plutôt maladroite, mais je pense sincère, de faire quelques
chose d’au moins sympa à vivre sur le moment. Mais de là à laisser un
souvenir impérissable…
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