mercredi 26 juin 2013

MANGA : SUICIDE ISLAND Tome 1


 
Par Kouji Mori. Kazé, 7,50 €, dispo.

« T’en as marre de la vie ? Ça tombe bien, la vie aussi en à marre de toi ! » C’est en substance ce que déclare un médecin à Sei, un jeune Japonais tout juste rescapé d’une énième tentative de suicide. Le Japon aussi d’ailleurs en a marre d’être le pays du taux record de suicide de par le monde. « Quitte à mourir, allez mourir ailleurs sans enquiquiner les autres ! », dit à son tour la légende urbaine, qui raconte que ceux qui ont attenté à leur vie plusieurs fois sont littéralement déportés sur une île déserte nommée l’Ile du suicide. Sei découvre alors en se réveillant sur une plage avec d’autres compagnons d’infortune qu’il n’existe plus… du moins officiellement. Les noms de toutes les personnes présentes ont étés rayés des registres administratifs, plus aucune loi ne les régit désormais. Que faire alors d’une liberté totale ? Si certains ne réfléchissent pas et préfèrent directement sauter des hauteurs toutes proches, d’autres commencent à douter. Mourir, oui, mais pas comme ça, pas sans « spectateurs », pas sans le regard de ceux qu’ils considèrent comme responsables de leurs malheurs !
Débute alors un véritable survival dans lequel la curiosité sera aussi décisive que le courage. Sont-ils les premiers à être arrivés ici ? Si pour certains, l’ennemi est intérieur, la pression sociale nippone n’est-elle pas un autre ennemi qui n’existe plus ici ?



L’auteur Kouji Mori nous entraîne alors dans les tourments intérieurs de chacun des « survivants », se posant la question de savoir s’ils doivent lâcher prise, ou si au contraire, libérés de toutes règles, l’instinct de survie doit reprendre le dessus sur une île que pourraient jalouser les producteurs de Kôh Lantha ! Malgré un graphisme rigide et pas franchement avenant, Suicide Island est avant tout une remise à plat de questions essentielles : Pourquoi vivons-nous ? Pourquoi mourrons-nous ? Pour qui ? Sommes-nous capable de vivre dans une société, quelle qu’elle soit ? Qu’est-ce que la liberté au final ? La liberté totale autorise-t-elle toute désinhibition morale.. ? Jusqu’à commettre l’irréparable, sur une île où les lois n’existent plus, et où chacun est libre de se suicider… mais aussi de « suicider » son prochain ?
Les réponses à ces nombreuses interrogations se trouvent peut-être alors dans le regard de ces cerfs que Sei veut chasser. Les animaux se battent pour vivre, instinctivement, car ils sont « heureux » par instinct de survie. De là à dire que l’homme doit retrouver ses réflexes de primates pour constater tout simplement la chance qu’il a d’être en vie… il n’y a qu’un pas. Mais personne n’a dit que c’était facile.


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