(Note : de temps en temps, en lieu et place d'une simple chronique manga, je fais parfois un article plus conséquent sur une thématique précise : une saga, un genre, une actu.... Bonne lecture !)
Si, au Japon, les robots géants furent pendant longtemps les seuls descendants symboliques des légendaires samouraïs, il faudra attendre les années 80 pour que d’autres héros en armure prennent d’assaut la pop culture. A l’occasion de la réédition des Chroniques de la guerre de Lodoss : La Dame de Falis, retour sur l’historique d’un genre a priori typiquement occidental, qui a cependant réussi à séduire le public de geeks nippons : l’heroic fantasy !
L’heroic fantasy est une représentation fantasmatique d’une époque passée, se situant quelque part entre l’Antiquité et le Moyen-Âge, et propice à de nombreuses réinterprétations historiques et géographiques, avec des territoires imaginaires, des créatures fantastiques, et surtout des sagas épiques sur fond de magie. Au Japon, le monde des yokaïs (esprits) et les récits de samouraïs sont aussi le terreau fertile de ce genre d’histoires. Mais c’est seulement au début des années 80, que le genre même de l’heroic fantasy à l’occidentale fait véritablement son trou au Japon.
Première sous-catégorie à percer : le barbare bodybuildé façon Conan et l’amazone en bikini (en métal quand même; ça ne protège pas grand-chose mais c’est très joli à regarder). Ce genre fit les belles heures de quelques séries animées destinées au marché de la vidéo nipponne. On y croise des guerrières court-vêtues et des chevaliers bombant leur torse nu devant des dragons au design plutôt occidental. L’un des titres phares est alors La Légende de Lemnear, au scénario aussi fin qu’un fil de string (même en métal donc), mais dont l’esthétique aguicheuse a influencé plus d’un dessinateur japonais. A noter que le dessin animé – au graphisme extrêmement travaillé – ainsi que le manga sont tous deux sortis en France depuis belle lurette, et sont assez difficiles à dénicher aujourd’hui.
Au milieu des années 80, Yutaka Izubuchi est un prolifique auteur officiant dans la science-fiction avec l’une de ses séries cultes : Patlabor. Ce fan invétéré du jeu de rôle Donjons et Dragons produit contre toute attente une série animée nommée Les Chroniques de la guerre de Lodoss. Malgré une qualité technique en dents de scie, cette série a marqué son temps grâce à un graphisme sophistiqué qui fait encore école aujourd’hui, plus de 20 ans après sa création. Certains personnages sont devenus des icônes comme Pilotess, une elfe noire à la peau d’ébène, aux cheveux blancs, et aux oreilles en forme… d’ailes d’avion ! Eh oui, si vous voyez aujourd’hui des elfes arborant de très longues oreilles dans des films, jeux vidéos, BD, etc., vous pouvez être sûr à 90% que le dessinateur s’est inspiré (consciemment ou non) de cette série cultissime !
Ce manga repose sur un canevas ultra académique de l’heroic fantasy, mais parfaitement maîtrisé, sans faute de goût. Les armures ne sont pas excentriques mais esthétiques et pratiques, les châteaux sont certes beaux mais reprennent des architectures historiquement crédibles, et même les dragons, d’un classicisme sans faille, sont parfaitement dessinés. Bref, avec cette série, l’heroic fantasy façon Tolkien rentre avec fracas dans la pop culture nippone.
Si, au Japon, les robots géants furent pendant longtemps les seuls descendants symboliques des légendaires samouraïs, il faudra attendre les années 80 pour que d’autres héros en armure prennent d’assaut la pop culture. A l’occasion de la réédition des Chroniques de la guerre de Lodoss : La Dame de Falis, retour sur l’historique d’un genre a priori typiquement occidental, qui a cependant réussi à séduire le public de geeks nippons : l’heroic fantasy !
L’heroic fantasy est une représentation fantasmatique d’une époque passée, se situant quelque part entre l’Antiquité et le Moyen-Âge, et propice à de nombreuses réinterprétations historiques et géographiques, avec des territoires imaginaires, des créatures fantastiques, et surtout des sagas épiques sur fond de magie. Au Japon, le monde des yokaïs (esprits) et les récits de samouraïs sont aussi le terreau fertile de ce genre d’histoires. Mais c’est seulement au début des années 80, que le genre même de l’heroic fantasy à l’occidentale fait véritablement son trou au Japon.
ARMURES ET BIKINIS
Première sous-catégorie à percer : le barbare bodybuildé façon Conan et l’amazone en bikini (en métal quand même; ça ne protège pas grand-chose mais c’est très joli à regarder). Ce genre fit les belles heures de quelques séries animées destinées au marché de la vidéo nipponne. On y croise des guerrières court-vêtues et des chevaliers bombant leur torse nu devant des dragons au design plutôt occidental. L’un des titres phares est alors La Légende de Lemnear, au scénario aussi fin qu’un fil de string (même en métal donc), mais dont l’esthétique aguicheuse a influencé plus d’un dessinateur japonais. A noter que le dessin animé – au graphisme extrêmement travaillé – ainsi que le manga sont tous deux sortis en France depuis belle lurette, et sont assez difficiles à dénicher aujourd’hui.
LE MÉDIÉVAL FANTASTIQUE
Au milieu des années 80, Yutaka Izubuchi est un prolifique auteur officiant dans la science-fiction avec l’une de ses séries cultes : Patlabor. Ce fan invétéré du jeu de rôle Donjons et Dragons produit contre toute attente une série animée nommée Les Chroniques de la guerre de Lodoss. Malgré une qualité technique en dents de scie, cette série a marqué son temps grâce à un graphisme sophistiqué qui fait encore école aujourd’hui, plus de 20 ans après sa création. Certains personnages sont devenus des icônes comme Pilotess, une elfe noire à la peau d’ébène, aux cheveux blancs, et aux oreilles en forme… d’ailes d’avion ! Eh oui, si vous voyez aujourd’hui des elfes arborant de très longues oreilles dans des films, jeux vidéos, BD, etc., vous pouvez être sûr à 90% que le dessinateur s’est inspiré (consciemment ou non) de cette série cultissime !
Ce manga repose sur un canevas ultra académique de l’heroic fantasy, mais parfaitement maîtrisé, sans faute de goût. Les armures ne sont pas excentriques mais esthétiques et pratiques, les châteaux sont certes beaux mais reprennent des architectures historiquement crédibles, et même les dragons, d’un classicisme sans faille, sont parfaitement dessinés. Bref, avec cette série, l’heroic fantasy façon Tolkien rentre avec fracas dans la pop culture nippone.
L'HEROIC FANTASY HAUTE COURTURE !
Voici un autre sous-genre, l’heroic fantasy où tout est beau, où même les mendiants sont habillés chez Dior, où quand un chevalier passe des semaines dans un désert, il en ressort sans un poil de barbe, l’armure luisante, et toujours placé sous un rayon de soleil esthétique qui donne la classe ! Cette catégorie a été popularisé au Japon via plusieurs titres comme la série animée Arslan (disponible en France chez Black Bones), ou encore le méconnu Weathering Continent. Généralement, ce sont de grosses productions qui s’offrent le luxe de reprendre ce genre coûteux en décors détaillés et en costumes flamboyants. On n’hésite pas alors à mélanger diverses influences culturelles venues de l’antique Perse ou d’Asie. Et même les bandes originales se paient de très riches orchestrations symphoniques !
Le manga La Dame de Falis, fraîchement réédité par Kazé Manga, est curieusement un mélange de ces trois catégories. Des colosses torses nus, des jeunes guerrières aux drapés impeccables, des décors mélangeant ceux des films de capes et d’épées de l’âge d’or hollywoodien et ceux des grosses productions façon Seigneur des Anneaux. Malgré un scénario parfois un peu brouillon mais assurément épique, La Dame de Falis se déroule avant la série animée culte disponible aussi chez Kazé (1) et narre les aventures d’une troupe de héros combattant une redoutable sorcière. Un récit académique mais propice de nombreuses péripéties.
A noter que pour cette ultime édition, une nouvelle traduction a été réalisée. Curieusement, il manque à celle-ci quelques planches couleurs pourtant présentes dans l’édition originale nippone, mais apparemment exclues de toutes les versions hors du territoire du pays du Soleil Levant. Néanmoins, pour compenser cette regrettable absence, on se réjouira de pas moins de 80 planches totalement inédites ! Avec ses 528 pages, son graphisme ultra léché faisant de chaque planche un tableau à part entière, croisement improbable mais réussi entre Toppi et Gutave Doré (2), La Dame de Falis est un « must have » indispensable à tous fans d’heroic fantasy mondiale !
(1) Attention, il existe plusieurs séries animées de Lodoss, mais dont l’intérêt est très relatif selon les saisons. Une de ces séries a aussi donné naissance à un très beau manga paru en France aux éditions Ki-oon. Bref, une saga qu’il ne faut pas hésiter à décortiquer, sous peine de tomber sur quelques vilains petits canards pouvant ternir la légende…
(2) L’auteur Akihiro Yamada n’est pas un inconnu en France, puisqu’il a travaillé sur la création des personnages de dessins animées comme Rahxephon et la série fleuve Les 12 royaumes. Il a aussi illustré les romans éponymes. Son graphisme étant extrêmement détaillé, celui-ci, hélas, doit être à chaque fois très simplifié pour les besoins d’une production télévisuelle. Dommage, mais les scénarios rattrapent en grande partie cette perte.
LA DAME DE FALIS
Le manga La Dame de Falis, fraîchement réédité par Kazé Manga, est curieusement un mélange de ces trois catégories. Des colosses torses nus, des jeunes guerrières aux drapés impeccables, des décors mélangeant ceux des films de capes et d’épées de l’âge d’or hollywoodien et ceux des grosses productions façon Seigneur des Anneaux. Malgré un scénario parfois un peu brouillon mais assurément épique, La Dame de Falis se déroule avant la série animée culte disponible aussi chez Kazé (1) et narre les aventures d’une troupe de héros combattant une redoutable sorcière. Un récit académique mais propice de nombreuses péripéties.
A noter que pour cette ultime édition, une nouvelle traduction a été réalisée. Curieusement, il manque à celle-ci quelques planches couleurs pourtant présentes dans l’édition originale nippone, mais apparemment exclues de toutes les versions hors du territoire du pays du Soleil Levant. Néanmoins, pour compenser cette regrettable absence, on se réjouira de pas moins de 80 planches totalement inédites ! Avec ses 528 pages, son graphisme ultra léché faisant de chaque planche un tableau à part entière, croisement improbable mais réussi entre Toppi et Gutave Doré (2), La Dame de Falis est un « must have » indispensable à tous fans d’heroic fantasy mondiale !
(1) Attention, il existe plusieurs séries animées de Lodoss, mais dont l’intérêt est très relatif selon les saisons. Une de ces séries a aussi donné naissance à un très beau manga paru en France aux éditions Ki-oon. Bref, une saga qu’il ne faut pas hésiter à décortiquer, sous peine de tomber sur quelques vilains petits canards pouvant ternir la légende…
(2) L’auteur Akihiro Yamada n’est pas un inconnu en France, puisqu’il a travaillé sur la création des personnages de dessins animées comme Rahxephon et la série fleuve Les 12 royaumes. Il a aussi illustré les romans éponymes. Son graphisme étant extrêmement détaillé, celui-ci, hélas, doit être à chaque fois très simplifié pour les besoins d’une production télévisuelle. Dommage, mais les scénarios rattrapent en grande partie cette perte.
LIEN VERS LA CHRONIQUE
ORIGINALE SUR BODOI.INFO :
http://www.bodoi.info/magazine/2011-04-01/petite-histoire-de-lheroic-fantasy-version-manga/44765
ORIGINALE SUR BODOI.INFO :
http://www.bodoi.info/magazine/2011-04-01/petite-histoire-de-lheroic-fantasy-version-manga/44765
2 commentaires :
Sympa le dossier ! Je ne me suis jamais acheter les Lodoss, c'est peut être le bon moment. L'heroic fantasy à la japonnaise... Y'a des haut et des bas, et c'est parfois agaçant de se retrouvé avec une vision purement fantasmé de l'europe moyenâgeuse, surtout lorsque les clichés s'accumule. Certains manga s'en sorte pourtant correctement aujourd’hui (Ubel blatt pour exemple), en sortant (enfin !) de la fantasy de Tolkien. Je suis aussi aller voir coté Coréen qui sont friand des sagas épiques, mais c'est pas très probant... Si quelqu'un a des titres, je suis preneur.
Du côté coréen je te conseille le génial LE NOUVEL ANGYO ONSHI.
Là si tu veux avoir de l'explosage de clichés, tu vas être servi.
http://www.manga-news.com/index.php/serie/Nouvel-Angyo-Onshi-le
Bon près de 20 volumes par contre. Mais la série est finie ^^
Sinon tu as aussi MONSTER COLLECTION en 6 volumes. Fabuleux mais hélas, les bouquins ont étés TRES mal imprimés, mais bon si tu veux y jeter un oeil...
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