C’était il y a plus d’une année maintenant, j’étais sur le point de me lancer dans un gros dossier en vue de présenter l’univers de mon premier long métrage, pour des demandes de financement. Ah, la naïveté du quinquagénaire resté un grand enfant ! On me dit alors qu’au vu de contexte audiovisuel français, de mon réseau quasi inexistant, et de ma renommée quasi nulle ; c’était franchement peine perdue !
Et puis un copain m’a dit alors : « Puisque tu t’intéresses à l’IA, tu n’as qu’à essayer de faire ton film avec. A la vitesse à laquelle ça évolue, ça se trouve d’ici deux ans, ce sera peut-être jouable. »
Au vu de mes connaissances actuelles sur l’IA générative, cela sera peut-être effectivement envisageable d’ici l’été 2026, qui sait ?
C’est aussi cela l’IA, la possibilité à des créatifs sans le sou, sans réseau, mais passionnés, de pouvoir réaliser leurs rêves pop culturels. Alors je ne referais pas ici l’inventaire du pour et du contre de cette technologie. Certains l’ont déjà adoptés ou condamnés. Allons-nous alors vers une perte de savoir-faire ? Ou au contraire vers une revalorisation du travail manuel qui, pour le coup, se vendra à prix d’or ?
Selon une étude de Microsoft, l’IA touchera plus d’un milliard et demi de personnes dans les 3 ans à venir. Quid de tous ces sans emploi ? Est-ce que sera le lancement du fameux revenu universel… forcément assujetti au crédit social, fantasme absolu des dictateurs en herbe ? Est-ce que nous serons tous connectés via des puces neurales, ou il nous sera possible de télécharger, non pas des films ou des séries, mais simplement le souvenir de les avoir vus ? Est-ce que chaque être humain ne sera plus qu’un neurone connecté aux autres pour créer une super conscience à l’échelle planétaire ?
C’est là qu’on se dit que la science-fiction, c’est quand même vachement moins angoissant au cinéma, non ? Comme disait un copain du copain cité plus haut : « L’IA se sera qu’un outil de plus, tout dépendra l’usage qu’en fera l’humanité… Le problème, c’est que je connais l’humanité… »
Alors dois-je m’enthousiasmer de voir dans l’IA la possibilité de tout un chacun de réaliser ses fantasmes… quels qu’ils « soient » ? L’art doit-il devenir l’opportunité de tout un chacun, talentueux ou non, et non pas l’apanage de certains initiés ? A contrario, la beauté de l’art n’est-elle pas dans sa rareté et sa fierté de l’effort ? Dois-je mettre mes espoirs dans ses progrès possibles en ingénierie, en médecine, en architecture ? Dois-je m’inquiéter d’une remise en question d’une humanité à laquelle on avait promis qu’elle serait la seule à pouvoir créer sur Terre ? Est-ce que les nouveaux millionnaires seront effectivement des plombiers, des menuisiers ou des électriciens ? Devons-nous juste attendre que nos politiques « matures et responsables » fassent les bons choix pour nous ?
Au vu de l’état du monde grâce à ses mêmes pseudo-adultes, je préfère encore rester un grand gamin, un geek qui ne déclare pas de guerre et qui se contente de dézinguer des pixels, et de rêver devant l’infinitude de la pop culture mondiale à partager entre potes. Car la passion non partagée n’est pas une passion me concernant.
Alors : A suivre…
Ce texte a été écrit pas Moncervo.ai
avec une image générée par Parlamamain.yo

