Je n’ai pas du tout aimé le premier Dune de Denis Villeneuve. Non pas pour son rythme ni son casting, mais surtout pour son visuel consensuel et sans prises de risques. Oui, vous avez bien lu : l’esthétique visuelle du premier Dune m’a complètement déçu. On m’a dit que le désert, c’était le désert, et que le brutalisme, sa fonction de base c’est l’épure.
Non.
Tapez brutalisme et désert dans Google, vous serez étonné de voir la variété incroyable disponible de ces deux environnements.
Mais alors quid de Dune 2 me concernant ?
En étant le plus « impartial » possible : ce fut une très bonne surprise ! Et un agréable moment de cinéma épique et profond, alliant une forme qui tente ENFIN des choses, et un fond politico religieux assez pertinent.
Enfin le mecha design tente des formes toujours aussi épurées, MAIS avec un design original ! Idem pour l’architecture qui s’allie avec des éclairages recherchés et peu communs. Alors bien sur, me concernant encore une fois, il y a des couacs : le « palais » impérial qui ressemble à rien de plus qu’un AirBnB au bord de la méditerranée, où encore la toute petite la cité troglodyte des Fremens… Mais qui au final est logique dans le contexte du film. Ce peuple vit caché, et forcément il ne va pas s’afficher comme à Pétra où à Palmyre avec des palais creusés à même la montagne (sauf dans le sud de la planète, où soit disant personne ne peut y vivre).
On peut également reprocher un usage intensif des très gros plans dans l’intimité des dialogues. Mais en même temps, on parle d’intimité. Donc, pertinent au final ?
Il y a aussi de gros soucis de jump cuts d’une scène à l’autre, comme celle où Paul part s’initier au climat du désert, on le voit camper, et… Hop on le retrouve instantanément en train de poutrer des gros méchas Harkonnens au lance roquette ! Quid de la fin de l’épreuve, le fait que sa copine l’a aidé ? Non ? Ah, ok…
Quant au vers des sables, le fait qu’on ne le voit quasiment jamais en entier m’a beaucoup frustré. Alors on va me dire que le suggérer, c’est bien aussi pour faire monter la tension, le suspense, etc. Oui sauf qu’au bout d’un moment, bah il faut montrer, même si le design même des vers n’est pas extraordinaire (revoyez ceux de la saison 2 de la série TV, techniquement has been, mais artistiquement plus recherchée).
Quant à la non musique d’Hans Zimmer, elle relève plus du design sonore pure qui accompagnera vos soirées boulot en fond de radio, aux côté de Lofi Girl sur Youtube.
Mais malgré tous ces défauts forcément subjectifs, il faut avouer qu’enfin Denis Villeneuve prend quelques risques de mise en scène, et a un sens de l’épique assez efficace surtout dans le final. Le casting n’est pas en reste avec en tête un Timothée Chalamet qui passe d’ado fragile en messie très énervé et halluciné ! Le fond du discours sur la manipulation des masses (de tous bords) fonctionne et pose les questions qui fâchent à un public qui pour une fois aura son cerveau sollicité dans la présentation d’un conflit d’intérêts, et pas forcément manichéen. Enfin, même si je n’accroche toujours pas à l’obsession de Villeneuve pour le brutalisme du pauvre, il a le mérite de tenter autre chose (même si dans le premier film, encore une fois, cela débouche sur des formes sans aspérités et anonymes).
Au final, même si le premier Dune reste pour moi un film d’une pauvreté visuelle paresseuse, le second volet fut une excellente surprise qui je pense sera sans doutes une œuvre culte pour une jeune génération, à qui l’on offre une forme différente, et surtout un fond qui les interpellera dans un 21ème Siècle qui s’annonce définitivement spirituel… Pour le meilleur et le pire !