Résumé : À Paris, en 2047, alors que la population vit connectée en permanence à des mondes virtuels, un agent employé par une multinationale est chargé de traquer des terroristes menaçant le système.
VR est un film doublement militant.
Militant de par son propos, ses thématiques, et surtout son analyse sans concessions d’un monde fortement possible dans les années à venir. Et militant de par le fait d’être un film de science fiction français dans un paysage cinématographique se méfiant du genre en lui-même.
On le dit fortement sous influence de la science fiction américaine (Blade Runner en tête). Mais comment peut-il en être autrement ? La Nouvelle Vague, même si elle partait d’un bon sentiment, a étouffé le cinéma populaire français. Même si le genre a connu quelques soubresauts salutaires jusque dans les années 80 (merci à Alain Delon et Jean Paul Belmondo), on peut dire que celui-ci attend depuis belle lurette sa résurrection ! Certes Chrysalis fut une belle tentative, mais ne parvint pas à réveiller le Phoenix endormi. Rendez-vous compte que le cinéma de genre américain ou encore l’animation nippone n’a pas connu sa maturité avant plusieurs années d’expérimentations. Il est donc malvenu de demander au cinéma de genre français de rattraper un demi siècle de sommeil (de retard ?) en un seul et unique film. Il est déjà miraculeux de voir qu’en un seul métrage, le réalisateur Guy-Roger Duvert a réussi à assimiler l’ensemble de ses influences en un tout cohérent !
De par sa forme, VR est un miracle en soit ! Lorsque le producteur Olivier Biercewicz montre le film à des gens de la profession, on lui dit que le film est de bonne facture pour un visuel estimé à 10-12 millions d’euros. Seulement, VR n’a coûté en réalité que … 1 million d'euros (approximativement) - soit à peine le budget d’un demi épisode TV des Experts Miami) ! Toute l’équipe a été rémunérée et même si certains salaires ont étés négociés au plus bas ; même en payant tout ce beau monde « pleine pot », le coût global n’aurait pas excédé 1,5 million d’euros ! Mieux : dans son optique militante, le film a été sciemment tourné en France, alors qu’un tournage en Nouvelle Zélande un temps envisagé, aurait encore abaissé son coût !
Mais alors, avec une somme aussi « ridicule », quel résultat donne un film de SF français sur l’écran ? Et bien une œuvre étonnamment généreuse dans son visuel ! Une flopée de décors numériques vient agrandir un film aux décors réels certes modestes mais variés, et clairement bien exploités. Les scènes d’action sont bien entendu d’une ampleur modeste, mais elles sont nombreuses, lisibles, parfois épiques et voir même sexy (merci à l’actrice Petra Silander) !
Au rayon des imperfections inévitables, l’on citera des dialogues très descriptifs et visant clairement le « grand public ». En gros : VR se veut accessible et prends la main du spectateur lambda… Alors que le spectateur geek attend depuis de longues minutes la suite d’un récit qu’il a déjà compris jusque ici. On pardonnera cet excès de zèle narratif grâce au jeu de comédiens impliqués et indubitablement habités par leurs rôles respectifs. En soit, il est clair que le scénario du film ne tient que sur une petite heure (scènes d’action incluses). Mais grâce à ces « rallonges » certes compréhensibles mais un peu redondantes, on atteint l’heure trente réglementaire pour le qualificatif de long métrage.
Car au final, que racontes VR ? Celui-ci décrit un monde ou la majeure partie de la population est connectée de son plein gré à des mondes virtuels bien plus beaux et passionnants qu’une réalité laissé à l’abandon, sale, décrépie, voir même… condamnée. Car peu importe ce qui est réel, ce qui est irréel : l’important reste l’expérience de vivre une vie épanouie, riche, ou seule la réalité de ses souvenirs compte !
Et c’est là que VR passe de bonne petite série B, à œuvre de science fiction ambitieuse et surtout « couillue ». VR pose de nombreuses questions, mais n’y réponds pas toujours. Non pas par paresse, mais parce que les réponses n’existent pas encore de son point de vue. Et surtout : veux t’on connaître les réponses à ces questions qui touchent notre morale ? La ou certains clament qu’il vaut mieux un malheur réel qu’un bonheur virtuel, VR installe le doute et pose des enjeux moralement douteux, mais terriblement humains au final ! Et sans spoiler, le final laissera plus d’un spectateur dubitatif, dans le bon sens du terme. Certains disent que la communauté des joueurs pourrait se sentir avilie, mais l’on parle ici avant tout d’instinct humain, de problèmes de société ou la remise en question du réel n’a plus lieu d’être. Car comme le film le dit : La Révolution a déjà eut lieu… Mais au final, tout le monde s’en fout, et surtout, en veux t’on une deuxième ? Il ne s’agit pas de critiquer le monde actuel du gaming… mais d’analyser une possible évolution à plus ou moins court terme ! Et là encore, le film ne se pose pas en juge moralisateur, il se contente de poser des questions qui dérangent, et engendrant encore une fois la frustration de ne pas avoir de réponses claires. Des réponses qui ne se soumettent pas à une logique de bien ou de mal, mais qui proposent des visions de choix de vie… et sans que personne ne vous dise si vous prenez ou non la bonne décision. Tout comme en art, il n’y a pas de vérités, mais seulement des choix à assumer !
Ainsi Virtual Revolution est de MON point de vue, LE Blade Runner français ! Personne ne peut dire s’il deviendra un film culte, une curiosité de vidéothèque, un film incompris et oublié, une simple série B de plus, mais l’essentiel est déjà là : Il EXISTE réellement !
Virtual Revolution est un film doublement militant. A vous de choisir d’y ajouter votre acte militant en allant le voir, en le soutenant, en le plébiscitant, en montrant que le cinéma de genre français existe… réellement !