Quoi de mieux pour un film trop complexe, que d’employer des termes à contrario très simples ?
-Une introduction surchargée en péripéties et informations. On commence à ressentir que la mise en scène n’est pas au top de la lisibilité. Il faut attendre que les héros utilisent une bonne dizaine de fois leurs principaux pouvoirs avant de comprendre : « Aaaah OK, ils peuvent se téléporter en envoyant leurs dagues là ou ils veulent allllleeeerrr… »
-S’ensuit de longs corridors de dialogues, mis en scène comme dans un épisode raté de New York Section Criminelle… C’est long… ça présente des personnages qui pour la plupart ne reviendront pas dans le jeu, jeu qui sera la suite du film. Donc on a du mal à s’y attacher, car l’on est à peu près sur qu’ils vont y passer à la fin…
-Vers le milieu du film, l’intrigue décolle enfin pour lorgner du côté du récit d’espionnage, avec de chouettes scènes de suspense ! Chapeau au monteur !
-Vient enfin le temps de l’action, du grandiose, de la destruction massive, du drame, etc… Mais avec une caméra souvent… comment dire ?... à côté de la plaque ! Soit les plans sont surchargés de détails (débris, fumées, personnages, monstres, etc… Tout ça en même temps !!), soit les angles choisis ne permettent pas de comprendre l’espace scénique (qui est où par rapport à qui, et qui fait quoi où et comment, etc…). Ici, pas de caméra parkinsonnienne, non : juste une caméra qui se trompe une fois sur deux sur les choses à filmer ! L’action reste t’elle toujours illisible ? Non. Mais parfois, l’on devine plus qu’on ne voit. Et au bout d’un certain temps, on peut hélas décrocher.
-Ce qui est d’ailleurs très dommage car la direction artistique accuse un (presque) sans fautes ! De l’architecture en passant par les costumes, les personnages, les couleurs, etc… Tout est presque parfait. Il faudra juste m’expliquer pourquoi dans un monde dieselpunk/heroic fantasy/science fiction avec des monstres, des vaisseaux spatiaux baroques et des mecs en armure… On croise des pseudo camionnettes Volkswagen et des berlines Audi ! Pour le côté réaliste/identification avec le spectateur ? Mouais…
-Techniquement, on frôle là encore le quasi sans fautes. Mais pour l’expressivité des personnages, si on est très au dessus du film 3D d’Harlock, on est encore loin d’Appleseed Alpha ! Sinon niveau textures de peau, animation des particules, lumières, etc… Clairement on atteint un niveau ultra riche… TROP riche ! Car tout mettre dans des plans surchargés encore une fois, c’est comme mettre plus de chantilly que de glace. Oui, c’est gentil, oui c’est généreux, oui c’est sympa de leurs part, mais niveau crise de foie, on frôle l’hospitalisation !
-Même si les personnages sont pour la plupart des archétypes, le tout fonctionne plutôt bien et cerise sur le gâteau crêmeux : on peut regarder le film sans n’avoir rien vu des différents univers de la franchise Final Fantasy ! (ce qui est à peu près mon cas ^^). Sacré bon point, car le film possède une vraie fin, même ouverte, et dont on peut s’accommoder si l’on n’a pas envie de jouer à la suite vidéo ludique.
-FF KG est donc un film plein de défauts, mais dont on ne peut reprocher l’évidente générosité ! Une générosité presque touchante dans sa maladresse à boursoufler sa forme de chantilly dégoulinante. C’est un peu comme diner dans un palace. Le décor est sublime, le service parfait, et le chef vous mitonne une tranche de bœuf de Kobé juste succulente…. Et au dernier moment : Vient un maître d’hôtel sous acide qui décide de vous servir la viande broyée dans un mug avec la sauce anglaise du dessert ! Les Fraises et la glace mélangées à la sauce salade de l’entrée ! Ou encore du champagne chaud avec du sucre et de la grenadine, le tout dans une écuelle de Saint Bernard ! Et le même psychopathe de vous taper du coude dans les côtés à chacune de vos courageuses bouchées, vous susurrant à l’oreille : « Alors, c’est bon, hein ??? »
-FF KG aurait peut-être gagné à être plus consensuel, plus académique, moins fou et plus maîtrisé. Mais uniquement dans la mise en scène, car pour le reste, je le répète : on est OK !
-Bref, un film qui n’effacera pas le souvenir des Créatures de L’Esprit qui 15 ans après, reste encore un film à la technique aujourd’hui certes perfectible, mais qui demeure artistiquement et scénaristiquement très recommandable. Un film qui n’effacera pas également le pied monstrueux et coupable d’un Advent Children foutraque mais terriblement fun, classe, inventif, et pour le coup : toujours lisible ! Un film qui fait pâle figure à mon sens, à côté de Resident Evil Damnation ou encore Appleseed Alpha, peut-être moins « grandioses », mais encore une fois maîtrisant leurs sujet dans la forme comme dans le fond. Un film qui à défaut d’y arriver, aura essayé de voir plus gros que son ventre, d’en donner plus qu’il n’avait, de communiquer son enthousiasme envahissant, bref : Un film qui mérite, à défaut d’un second visionnage, au moins un peu de clémence… Avant que son souvenir ne s’efface peut-être pendant que vous re-re-re-re-regardez à nouveau Les Créatures de L’Esprit… Ou Appleseed Alpha… Ou Resident Evil Damnation… Ou même le prochain Gantz… Ou le prochain Disney : Moana… Ou en attendant Kung Fu Panda 4… Ou…. Mais de quoi on parlait, déjà ?