L’Enfer à un nom : Roanapur. Ce port paumé au fin fond de l’Asie est le repaire des pires racailles de la planète : mafieux, yakuzas, proxénètes, anciens de l’Armée Rouge, tueurs à gages. Tous s’y donnent rendez-vous pour trafiquer drogue, armes et prostituées. Car tout est à vendre à Roanapur, surtout les services de la société de transport Lagoon, nom d’un ancien torpilleur dont l’équipage est composé d’une tueuse à gages chinoise, d’un grand black philosophe et fan de cinéma bis, d’un informaticien américain à chemise à fleurs… et d’un employé de bureau nippon surnommé Rock ! Otage malheureux abandonné par son entreprise, Rock a finalement intégré cette drôle de bande, dont chaque chapitre de la sanglante histoire suffirait à alimenter Hollywood en films à grand spectacle pour les dix ans à venir !
Car c’est avant tout ça,
Black Lagoon,
un manga d’aventures sans temps morts, sans tabous, et parfois sans morale ! Se démenant dans cette fange, le pauvre Rock fait tout pour survivre et tempérer comme il peut les instincts meurtriers de la belle Revy, la tueuse à deux flingues du Lagoon à l’enfance sanglante. Mais au-delà de son lot d’action apocalyptique,
Black Lagoon est aussi une plongée dans l’âme humaine la plus crasse, la plus ténébreuse qui soit.
Chaque personnage possède une histoire tragique comme les jumeaux tueurs, deux gamins rescapés de films snuff pour pervers, juste après la chute de Ceausescu. Deux âmes tourmentées entraînées à tuer en riant comme on joue avec des légos trop fragiles ! Il y a aussi Roberta, la servante polie et pointilleuse de la famille Lovelace, ancienne terroriste à la solde des Farc. N’oublions pas non plus Balalaïka, ex-capitaine de l’Armée rouge et représentante de la mafia russe à Roanapur. Une très belle femme au visage parcourue d’horribles cicatrices démontrant qu’il ne faut surtout pas la titiller, sous peine de déclencher une troisième guerre mondiale en un clin d’œil ! Et pourtant dans tout ce marasme nauséabond, croyez-le ou non, l’auteur parvient parfois à ajouter
quelques grammes d’humour. Un exploit bienvenu…
Attention, cette saga où chaque personnage évolue soit vers la lumière, soit vers les ténèbres, n’est pas une vraie nouveauté. Car sa publication a imposé un suspense insoutenable à ses lecteurs français. En effet,
Black Lagoon fut édité une première fois par feu SEEBD, sous le label Kabuto. Desservi par une traduction calamiteuse,
Black Lagoon trouva néanmoins son public grâce à son excellente adaptation en série TV animée créée par le studio MadHouse (V
ampire Hunter D, Bloodlust, Ninja Scroll le film…). Cependant, la parution du titre s’est interrompue après le cinquième tome, suite au dépôt de bilan de son éditeur français…
. Si quelques titres de la nouvelle maison gardent le logo d’origine, la plupart des séries sortent désormais avec celui de Kazé Manga. Tant pis pour les collectionneurs tatillons…
. Avec ces titres,
: Shônen Up, nom de sa nouvelle collection, se veut une sorte de mix d’adulescents avertis entre 15 et 25 ans. Ce créneau étant en ce moment en friche, autant en profiter ! Pour la peine,
approuvée par l’éditeur nippon et supervisée par l’auteur lui-même. Espérons que cette fois, le moteur du Lagoon ne calera plus !