mardi 30 août 2022

EVERYTHING, EVERYWHERE, ALL AT ONCE : L’EVANGELION AMÉRICAIN ?


Et si le vrai multivers survendu par Marvel, à coup de blockbusters à 300 millions de dollars pièce, trouvait sa quintessence visuelle et narrative dans un tout petit film de série B d’à peine 25 patates ?

Véritable Objet Filmique Non Identifié, EEAAO est une folie cinématographique comme on en voit peu ! Avec son héroïne au bout du rouleau découvrant que des milliers de versions d’elle-même existe dans autant d’univers parallèles, le film exploite le croisement hystérique et inventif de plusieurs destins au service d’une quête simple : le bonheur. Michelle Yeoh campe tour à tour une femme au bout de sa vie, une artiste martiale, une actrice sortie d’un film de Wong Kar Waï, une lesbienne aux doigts de saucisses (on ne rigole pas, c’est vraiment une des inventions du film !), une cuisinière dans un restaurant étoilé où Ratatouille est cette fois… un Raton laveur ! La liste est juste interminable, et tout se beau monde se croise dans une scène finale d’une bonne heure, au montage frénétique et étourdissant, poussant le spectateur dans ses derniers retranchements physiques et psychique ! Vous pensiez que la scène finale du dernier film de Neon Genseis Evangelion était exténuante par ses envolées lyriques et introspectives ? Attendez de voir EEAAO !

Malgré son minuscule budget, le film parvient à tenir la route grâce à un sens du cadrage et du montage ébouriffant qui a dut envoyer son monteur à l’hôpital pour schizophrénie aggravée. Très peu d’effets spéciaux malgré tout, mais surtout un style visuel (voir carrément le format du film) qui s’adapte selon les univers abordés, et surtout malgré un début qui prends le temps de bien installer le contexte lamentable de notre héroïne fanée; l’action prends le pas rapidement et toute votre attention est prise en otage… ou laissé sur le bord de la route ! On ne vous fera pas le coup du « c’est un film qui se mérite, il faut avoir le niveau », mais on vous dira plutôt « on embarque, où on reste sur le quai ».

Car malgré ce numéro de haute voltige narratif, le public américain abreuvé au cinéma prémâché a accroché ! Près de 100 millions de dollars de recettes mondiales (hors France pour le moment) viennent récompenser l’audace de ce film unique ! Et forcément, ça fait plaisir. Plaisir aux cinéastes adoubés dans leur bravoure, plaisir aux journalistes pour la plupart extatiques devant enfin de la fraîcheur, et plaisir aux spectateurs qui ont eu l’ouverture d’esprit de tenter l’expérience la plus dingue de cette été 2022 !

 

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